ODE À BORDEAUX

(ma petite zone du sud)

(grâce à Apollinaire)


J'erre dans le cimitière où il ne reste que des souvenirs

Cette ville pleine d'histoire sans aucun avenir


Cathédrale St. André ô toi ma déesse

Tu es ornée de blanches tresses

Soit tes flèches le firmament caressent

Soit elles, en donnant le sang de pluie, te blessent

Ô toi tu surveilles cette ville marine

Regarde-moi ici à la rue Ste. Cathérine

À la veine centrale où je flâne pleurant

Jusqu'à la Victoire où mon coeur leurrant

M'enivre de la nuit, de l'amour, de l'alcool

Que je m'éclate comme un cor en si bémol


Pourtant je m'éperonne

Pour voir la Garonne

Car la gare m'induit en erreur

Et j'y vais malgré ma terreur

La gare est en train de se défaire

Cette dame, ce fantôme, ce chemin de fer

Là, pleurant, la tête dans le mains

Entouré des souvenirs morts dès demain

Cet étranger qui vécut ailleurs se dit-il

Dans mon pays natal je serai en exil

Ses larmes répandues et ce cri pitoyable

Rendirent noir ce soir déjà plein de diables


Ainsi dit-il son adieux au port de la lune

Sans rentrer chez soi, misérable fortune!

15 juillet 1994

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